Les personnes à vélo commettent-elles réellement plus d'infractions au code de la route que les autres usagers ? Plusieurs enquêtes montrent qu'il n'en est rien. Quand les aménagements cyclables sont confortables et sécurisés, les cyclistes enfreignent même beaucoup moins les règles que les automobilistes.

Selon un sondage français paru en 2014, « 88% des cyclistes ont déjà commis une infraction au code ». Si ce chiffre impressionnant a servi de munition à de nombreux détracteurs du vélo, il est en fait très semblable au pourcentage des infractions commises par les autres usagers de la route, comme l’ont révélé d’autres enquêtes.

Contrairement aux idées reçues, le cycliste n'est donc pas moins vertueux que les autres usagers. Mais alors, pourquoi persiste cette impression qu'il serait plus indocile dans le trafic ? Une explication majeure est qu'une infraction commise à vélo est beaucoup plus visible que quelqu'un qui téléphone dans l'habitacle de sa voiture (un geste banal mais dangereux), qui roule à 45km/h dans une zone 30, qui est sous l'emprise de l'alcool, etc.

De plus, si une infraction reste bien une infraction, il faut admettre qu'elles n'ont pas toutes les mêmes conséquences ! On remarquera ainsi que les infractions à vélo ne tuent ou ne blessent grièvement quasiment jamais, au contraire de l'alcool, des excès de vitesse, de la fatigue, de la distraction par GSM ou de la drogue au volant.

Au Royaume-Uni, 1.700 personnes sont tuées sur les routes chaque année. Parmi elles, seulement une ou deux le sont par un cycliste. La rareté des accidents mortels causés par une personne à vélo entraîne paradoxalement une couverture médiatique disproportionnée :

Plus d'aménagements vélos de qualité = moins d'infractions

Une étude récente du "Danish Road Directorate", basée sur des images de caméras placées à des carrefours dans plusieurs villes danoises, creuse encore plus l'écart en relevant que moins de 5% des cyclistes enfreignent la loi, au contraire des 2/3 des automobilistes observés. L'étude précise par ailleurs que ce taux d'infraction des cyclistes monte à 14% lorsqu'aucune infrastructure cyclable n'est présente.

La place que les pouvoirs publics accordent au vélo dans nos rues semble donc bien être un facteur déterminant pour assurer le respect des lois. S'il est rare de surprendre une personne à vélo sur les trottoirs de Copenhague, c'est parce que les pistes cyclables sur la chaussée lui offrent une vraie sécurité. Si quasi personne n'y brûle de feux rouges, c'est grâce aux temps d'attente optimisés pour les vélos et à la sécurisation des traversées en carrefours.

Ce n'est donc pas tant le civisme scandinave qui explique le comportement positif des cyclistes, mais l'amélioration de leur confort de route et de leur sécurité qui les amène à être plus respectueux des lois.

Luc Goffinet

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