En matière de sécurité à vélo, la Flandre rattrape peu à peu le Danemark et les Pays-Bas. Le risque de décès par km pour les cyclistes y a en effet diminué de 40 % au cours des sept dernières années. Ce bon résultat est dû à des investissements dans des pistes cyclables séparées, à l'extension des zones 30 km/h et des zones cyclables, ainsi qu'à d'autres mesures des pouvoirs locaux modérant la vitesse des voitures.
En 2015, on comptait encore 25 décès par milliard de kilomètres parcourus à vélo en Flandre. En 2022 ce chiffre est tombé à 15.
"Même si on peut déplorer que le nombre de cyclistes décédés y reste trop élevé (70 à 75 par an) et que les seniors soient exposés à un risque accru, il ne fait aucun doute que les mesures ci-dessus ont contribué à inciter davantage de personnes à faire du vélo et à faire en sorte que les cyclistes se sentent plus en sécurité", explique Wout Baert, directeur du Fietsberaad Vlaanderen (centre public flamand d'expertise vélo).
Pour mettre en lumière cette performance flamande, le Fietsberaad a comparé les chiffres de mortalité à vélo (par km parcouru) de la Flandre avec ceux des Pays-Bas et du Danemark :
Ce graphique montre que le risque est en moyenne plus faible au Danemark (entre 7.5 et 11,4 tués par milliard de kilomètres parcourus à vélo), tandis que les Pays-Bas oscillent entre 11,4 et 14,8 tués par milliard de kilomètres. Mais aussi que les performances de la Flandre rejoignent peu à peu celles de ses voisins nordiques. Ce qui était loin d'être le cas en 2015.
En Flandre, le nombre de kilomètres parcourus à vélo a fortement augmenté. L'essor du vélo électrique n'y est pas pour rien (y compris les speed pedelecs). On pourrait donc parler de "sécurité par le nombre", même si le nombre à lui tout seul n'est pas le facteur déterminant de la sécurité, mais bien les aménagements cyclables et la vitesse des véhicules motorisés.
A noter que le nombre de kilomètres parcourus à vélo au Danemark reste relativement stable au fil des ans. Tandis qu'aux Pays-Bas, le trafic cycliste a augmenté tout comme, récemment, le risque. Ceci pourrait être imputé à une suraccidentalité des seniors, qui pédalent de plus en plus tard dans la vie : la moitié des tués à vélo chez nos voisins néerlandais a... plus de 75 ans.
Et pour les accidents corporels à vélo ?
L'enregistrement des accidents corporels est beaucoup moins complet que celui des tués, et des définitions différentes s'appliquent parfois entre pays. Il en va de même pour l'estimation du nombre de kilomètres parcourus à vélo. Pour les automobilistes, ces données sont relativement faciles et fiables à obtenir (par exemple lors du contrôle technique), alors que pour les cyclistes on doit s'appuyer sur des données issues d'enquêtes.
Le Fietsberaad s'est donc concentré uniquement sur le risque en Flandre d'accident corporel par kilomètre parcouru à vélo. Celui-ci suit une tendance à la baisse similaire à celle des décès, même si moins marquée. En chiffres absolus, le nombre d'accidents corporels augmente, mais l'utilisation du vélo augmente plus fortement. Le risque d'accident corporel à vélo a donc diminué entre 2015 et 2022, malgré un léger rebond depuis 2020 :
Investissements dans le vélo : des gains en santé multipliés par sept
Les investissements dans le vélo contribuent non seulement à la sécurité mais également à la santé. Les infrastructures cyclables ont un rendement élevé, qui est souvent sous-estimé. Grâce à un nouveau calculateur de santé Modalshift & Healthy Living développé par le centre d'études VITO, les autorités peuvent estimer un rendement santé des investissements dans le domaine du vélo, sur la base de quelques paramètres.
Entre 2020 et 2023, les autorités flamandes ont dépensé ensemble plus 1,041 milliard d'euros dans des infrastructures vélo. Au cours de la même période, le trafic cycliste est passé de 14 % à 19 % de l'ensemble des déplacements, ce qui représente plus d'un million de déplacements cyclistes supplémentaires par jour. Le rendement de ces investissements, calculé par l'outil du VITO, est de 7,24. Cela signifie que sur une période de 20 ans, ces investissements rapporteront près de 7,5 milliards €, principalement en raison des économies en soins de santé grâce à une population plus active, mais aussi à la réduction des coûts environnementaux.
En conclusion, la sécurité à vélo s'améliore en Flandre, mais la santé également, et des économies en soins de santé sont faites. Que du bonheur au final !