Un peu partout en Europe fleurissent des promesses financières pour le vélo : 100 millions € par ci, 770 millions £ par là... Si l'on est bien sûr ravis de ces parts de gâteau, c'est peu par rapport aux sommes investies dans les autres modes de transport. Et, surtout, insuffisant pour que le vélo devienne un mode de transport de premier choix partout.
Prenons par exemple le cas des Pays-Bas, où l'on apprend que 100 millions € supplémentaires ont été prévus pour le vélo dans la déclaration du nouveau gouvernement batave. Cela peut sembler beaucoup, mais cette somme provient en fait d'une enveloppe de 2 milliards € réservée pour de nouvelles infrastructures de mobilité. Soit seulement 5% d'une manne qui va aller à de nouvelles infrastructures lourdes (routes, rail, fleuves...).
Le Fietsersbond néerlandais rappelle à ce sujet que, si l'on veut décongestionner les Pays-Bas via, entre autres, une croissance de 20% des déplacements à vélo dans les 10 prochaines années, on devrait investir 700 millions d'euros par an pour y arriver. Soit sept fois le montant annoncé.
En France, la ministre des Transports, Elisabeth Borne, après avoir annoncé "qu'il faut arrêter de regarder le vélo avec condescendance en considérant que c'est un sujet mineur", propose d'investir 100 millions d'euros pour le vélo sur une période de 4 ans. C'est un bon début, mais c'est seulement la moitié de ce que l'association des cyclistes français (FUB) préconise. Et surtout, cela ne représente que 0,50 € par an et par habitant !
En Belgique, ce sont les Régions qui investissent dans les infrastructures vélo. Pour la Flandre, même si les sommes investies peuvent sembler élevées (100 millions € annuels pour 6 millions d'habitants), la Cour des comptes a cependant constaté, qu'à ce rythme, il faudra 50 ans pour terminer le réseau cyclable supra-local au nord du pays.
En Wallonie, si on met bout à bout les sommes dépensées pour le vélo au sud du pays, on aboutit à 20 millions € annuels pour le vélo (dont la moitié affectée au RAVeL et ses liaisons). À comparer aux 90 millions € consacrés aux aéroports, aux 450 millions € des TEC, et aux 600 millions € réservés au réseau routier.
Pour terminer sur une note positive, on notera tout de même la volonté exprimée en 2016 du maire de Londres d'investir 770 million £ pour le vélo durant cinq ans.
Ceci représente un montant de 17 £ par habitant par an, ce qui, pour une fois, est au delà de la somme minimale de 10 £, en-dessous de laquelle une politique vélo ne peut décoller durablement. Et sans que ça ne grève les finances publiques, puisqu'il ne s'agit que de 5% du bugdet des transports londoniens.
Les déclarations politiques se suivent donc, mais ne se ressemblent pas. Dans tous les cas, il faut une bonne calculette pour déceler la manne réelle de l'effet d'annonce...