Il n'y a pas qu'en Belgique que l'on chute à cause de trous dans la route, c'est aussi le cas à Los Angeles. Et cela commence à coûter cher en indemnités à la grande cité californienne : pas moins de 19 millions $ l'an dernier. Est ce que cela pourrait décider la mégalopole à mieux soigner ses voiries pour ses usagers vulnérables ?
Aux États-Unis, le système judiciaire permet de réclamer des dommages et intérêts assez plantureux lorsqu'on est victime d'un accident, pour autant que l'on puisse trouver un responsable solvable. Les cyclistes qui chutent sur les routes de Los Angeles n'ont pas à chercher loin pour le trouver: c'est le gestionnaire de la voirie.
Parmi les victimes cyclistes, on trouve un homme de 62 ans devenu paraplégique suite à une chute due à un soulèvement de la chaussée causé par la racine d'un arbre. Il a obtenu à lui seul 7,5 millions $ d'indemnités.
Pour un autre cycliste, qui a vu son bras endommagé de façon permanente, l'addition s'est montée à 200 000 $.
Mais ce qui indigne le plus les cyclistes de la métropole, c'est que ces accidents aux conséquences graves ne donnent pas lieu à des réparations systématiques des endroits concernés.
Selon le Los Angeles Times, au moins 20% des pistes cyclables sont situées dans des rues en très mauvais état. Comme L.A. n'a guère les moyens de rénover la pléthore de rues construites dans cette ville, symbole de l'étalement urbain, elle se concentre sur celles qui sont "sauvables", en abandonnant pour l'instant les autres.
Los Angeles a aussi congédié ses inspecteurs routiers en 2016, préférant attendre les plaintes (a posteriori) plutôt que d'effectuer des contrôles préventifs. Malheureusement, ces plaintes ne sont pas toujours suffisantes pour faire résoudre les problèmes avant qu'un drame ne survienne.
Depuis peu cependant, la ville semble avoir changé son fusil d'épaule et vérifie désormais l'état de la route avant de tracer une nouvelle piste cyclable. Elle s'est engagée aussi dans un programme de rénovation général, car les dommages à rembourser à l'ensemble des usagers atteignent désormais plus de 200 millions $ par an. Et ça grimpe chaque année !
Et en Belgique ?
Notre système judiciaire n'est pas comparable à celui des États-Unis, au niveau des compensations en tout cas. Un dommage dû à un mauvais état d'une voirie peut faire l'objet d’une plainte devant les tribunaux. Mais la charge de la preuve incombe totalement au plaignant : photos et PV de police indispensables. Il faut aussi prouver que l'obstacle était inévitable, non signalé, ou que l'on ne pouvait pas l'éviter même en roulant prudemment.
De temps en temps, des automobilistes sont ainsi indemnisés des dégâts matériels à leur véhicule. Mais, pour le cycliste, c'est le dommage corporel qui est souvent le plus important. Dans ce cas, les démarches - longues et coûteuses - pour obtenir gain de cause au tribunal restent hasardeuses, même avec une bonne protection juridique.
L'entretien préventif des voiries par les pouvoirs publics reste donc indispensable pour garantir aux usagers de bonnes conditions de sécurité.