Le Club des Villes et Territoires Cyclables français vient de publier un guide pratique des coûts concrets d’infrastructures cyclables et des services vélo, pour répondre aux nombreuses questions d'élus locaux sur les budgets nécessaires à la mise en place d'une bonne politique vélo. Ceux-ci ont été estimés au départ d’une enquête réalisée auprès d'une trentaine de collectivités locales en France.
C'est une question récurrente pour les pouvoirs locaux : combien coûte tel ou tel élément d'une politique cyclable ? Il n'est bien entendu pas simple de fixer un prix unique car une multitude de fournisseurs peuvent exister, de même que le prix d'un aménagement cyclable peut varier énormément en fonction de la réalité de son terrain. C'est pour cette raison que le guide du Club français donne pour tous ces éléments des fourchettes de prix.
Ce qui est intéressant aussi dans sa démarche c'est qu'il ne se limite pas à l'infrastructure, mais qu'il essaie aussi de chiffrer des éléments comme la création d’un service de location de vélos en libre-service, d’une étude de projet, d’une fête du vélo ou d’un ramassage scolaire.
Ressources humaines et comptages
Pour une bonne politique cyclable il faut d'abord et avant tout des personnes pour planifier, étudier, concevoir et animer les projets. Dans son guide le Club estime le coût salarial annuel pour une commune entre 40.000 € et 70.000 € (par tranche de 100.000 habitants). Pour un plan vélo, réalisé par un bureau externe, il faut compter 50.000 €. Pour une étude de faisabilité d'un projet, le mieux est de prévoir entre 5% et 6% du coût total.
Pour un comptage manuel, qui délivre des informations qualitatives, Dijon dépense annuellement 6.500 €. Pour une technologie de comptage permanent une estimation est donnée : entre 3.000 € et 6.800 € par compteur + 300 € pour la transmission et le traitement des données. Un totem d'affichage en temps réel sur la voirie c'est environ 15.000 €.
Coût des infrastructures
Le guide aborde ensuite le coût de la signalisation horizontale (marquages au sol) et verticale (panneaux). Les aménagements qui ne demandent que de la peinture sont les moins chers : pistes cyclables suggérées, marquées, rues cyclables, voies centrales banalisées (de 2 à 4 €/m linéaire, 20 € pour un logo vélo ou un chevron).
Un élément séparateur "en dur" peut faire monter le coût de l'aménagement de 150 € à 220 €/m. Le coût du revêtement dépend lui du matériau utilisé : de 20 €/m2 pour un enrobé classique à chaud, à 42 €/m2 pour un enrobé "végétal". Pour des aménagements plus complexes, comme par exemple une "zone de rencontre", tout dépend si l'on refait entièrement la zone de façade à façade, ou si l'on se contente de peinture au sol. Le guide aborde aussi le coût du stationnement vélo (couvert, box...).
Enfin, la question des "voies express vélo" est également traitée. On y apprend que le coût global du réseau "Chronovélo" de la ville de Grenoble est de 40 millions €. Soit, tout compris, de 800.000 €/km. Pour une passerelle au-dessus d'un fleuve ou d'une autoroute il vous faudra prévoir également quelques millions d'euros.
Services et animations
Pour une commune qui souhaiterait mettre en place un système de location longue durée d’un vélo classique, on lui conseille de budgéter entre 200 € à 300 €/vélo/an. Pour un système identique, mais avec des vélos à assistance électrique : 800 €/vélo/an.
Pour une station multi-outils et gonflage des pneus il faut compter 1.700 €.
On apprend aussi que Nantes consacre 160.000 €/an pour un plan de déplacement scolaire pour dix écoles, avec accompagnement par un bureau d’études et des actions de mise en place. La métropole de Strasbourg accorde elle, de son côté, une subvention annuelle de 35.000 € à deux ateliers self-service de réparation de vélos.
Pour ceux que cela intéresse on trouvera aussi des renseignements financiers sur l'organisation d’une fête du vélo annuelle, un challenge vélo, l'édition d'un guide vélo local...
Conclusion
L'initiative du Club des Villes et Territoires Cyclables a le mérite de synthétiser à un seul endroit des informations que l'on trouve éparpillées dans un tas de guides et de brochures. Si bien sûr le coût précis d'un projet ne pourra pas être calculé à l'euro près au départ de toutes les fourchettes données, il donne une première estimation précieuse sur le faisabilité financière d'un projet vélo.
Pour aider nos communes wallonnes et bruxelloises, il serait utile de disposer d'une telle publication, adaptée au contexte belge (réseau existants d'ateliers vélo, de vélo-éducation, fournisseurs locaux...). Avec, comme en France, aussi les sources publiques de financement.
Luc Goffinet
En savoir plus
► Plateforme des coûts des aménagements cyclables (CVTC, 2024)