Cette année, la thématique de l'égalité des genres fut mise en avant lors de la première journée de Velo-city. Les femmes travaillant dans le domaine du vélo ont pu partager leurs expériences et leurs perspectives, mettant en lumière les défis auxquels elles sont confrontées, mais aussi les pistes de solutions pour faire avancer ce secteur encore si masculin.
Qu'il soit question de métiers liés à la mécanique vélo ou plus simplement de pratique du vélo, notre société peine à offrir aux femmes la représentativité qu'elles méritent. Pour comprendre ce qui empêche les femmes de se mettre en selle, Camila Herrero Rodríguez, chercheuse à Amsterdam, met en évidence sept barrières :
- L’accès au vélo : les femmes ont moins tendance à avoir leur propre moyen de transport
- La capacité de faire du vélo : beaucoup de femmes n’ont jamais appris et c’est encore mal vu dans certaines cultures
- Le bike-sexism : le vélo est toujours perçu comme une pratique d’homme
- Les villes ont été conçues par et pour les hommes
- Le harcèlement sexuel
- La sécurité routière
- Les infrastructures qui ne sont pas pensées d’un point de vue du genre
Identifier ces barrières permet de savoir sur quels éléments jouer et travailler, mais s’il y a moins de femmes que d’hommes à vélo et dans le secteur du cycle, la publicité et la communication n’y sont pas pour rien. En mettant systématiquement des hommes et des garçons en avant, que ce soit dans les images, les témoignages ou les articles, il n’est même pas imaginable pour une femme de penser qu’elle puisse travailler dans ce milieu. Nous pouvons même aller plus loin : étant donné que les représentations sont toujours les mêmes, beaucoup de femmes ne se sentent pas capable de faire du vélo que ce soit pour le loisir ou simplement pour aller au travail/à l’école. C’est d’ailleurs pour cela que de plus en plus d’initiatives en mixité choisie voient le jour, comme par exemple le Casual Cycling Club, Elles en Selle, les Hirond’Elles ou encore Les Échappées à bicyclette 1.
Ces projets montrent que les femmes ont l'envie de se soutenir, de se tirer vers le haut et de se donner les moyens d’agir. Il y a actuellement un énorme mouvement d’empowerment et de sororité qui se développe dans le secteur du vélo. Et cela paie ! Partout, de plus en plus de femmes s’engagent et repoussent les barrières.
Que pouvons-nous faire de plus ?
Pour amener davantage de femmes à s'engager dans le secteur du vélo, il existe des pistes de solutions. Il est notamment essentiel d'inclure activement les femmes dans les discussions officielles et dans les processus d’aménagement. Leurs voix et leurs perspectives doivent être prises en compte pour garantir une représentation équilibrée et une approche plus inclusive. De plus, il est crucial de soutenir les cours spécifiquement dédiés aux femmes pour apprendre à faire du vélo. Ces initiatives contribuent à surmonter les barrières potentielles liées à l'apprentissage ou à la reprise de la pratique du vélo. L'utilisation de discrimination positive lors des recrutements pourrait également être envisagée. C’est un moyen de favoriser l'accès des femmes à des postes dans lesquels elles sont moins représentées, encourageant ainsi une représentation plus équilibrée.
Néanmoins, engager des femmes n’est pas suffisant. Encore faut-il qu’elles aient envie de rester. De trop nombreuses femmes quittent leur poste en raison de la solitude ressentie et du sentiment de ne pas être à leur place. Pour cela, il est primordial de veiller à leur accueil et à leur intégration au sein des entreprises. Il faut créer un environnement inclusif où chaque membre de l'équipe se sent valorisé et respecté.
Ces solutions sont non seulement importantes pour que les infrastructures, les services et l’espace public soient accessibles aux femmes, mais aussi pour les personnes victimes de racisme, les PMR, les personnes de la communauté LGBTQIA+, les migrants, les personnes avec peu de moyens,… Pour toutes ces personnes vivant des discriminations au quotidien.
Pascaline Lits
En savoir plus
1 : La mixité choisie consiste à se réunir entre personnes appartenant à une ou plusieurs minorités opprimées et discriminées en excluant la participation de personnes appartenant aux groupes pouvant être oppressifs et discriminants.