Le GRACQ a été invité à participer aux journées d’études ‘Ville apaisée’ organisées par les associations Rue de l’Avenir et l’Association Droit Au Vélo (ADAV) à Lille. Lille et sa métropole ont été transformées ces dernières années par une politique volontariste pour remettre l’omniprésence de l’automobile en question, redonner de la place aux modes actifs et améliorer le cadre de vie de ses habitants.

Ces journées d’études ont été l’occasion de présenter l’ensemble des mesures prises par la ville de Lille et la Métropole Européenne de Lille (MEL) comprenant également les villes de Roubaix et Tourcoing pour encourager le développement des mobilités actives et partagées tout en favorisant un meilleur partage de l’espace public entre usagers :

  • Adoption du Plan de Déplacements Urbains (2011) qui propose en cas de réaménagement de voirie le principe 50/50 :
    • maximum 50 % de l’espace dévolu à la voiture, stationnement compris
    • 50 % dédié aux modes actifs et à la végétalisation
  • Plan de circulation adopté (2016) pour empêcher le transit via le centre ville
  • Mise en place (2019) d’une zone 30 qui englobe 88 % de la ville hors grands axes
  • Extension de la zone piétonne (2021) dans des rues commerçantes le samedi (11h à 21h)
  • Aménagement à partir de 2022 du réseau Vélo-Plus sur l’ensemble de la Métropole
    • 12 liaison intercommunales et 3 rocades
  • Élargissement du stationnement payant en 2022 de 2 à 8 quartiers
    • avec des mesures spécifiques pour favoriser l’auto-partage
  • Mise en place en 2024 de la vidéo-verbalisation pour prévenir les stationnements dangereux sur les pistes cyclables, voies de bus, trottoirs…

Le réseau Vélo-Plus est réalisé par l’amélioration d’aménagements existants et la création de nouvelles infrastructures séparées de qualité équipées de zone de repos, de bornes de réparations et de plans d’orientation. Ce réseau, qui compte actuellement 79 km de piste cyclables, sera aménagé à terme sur un total de 230 km pour un coût global de 230 millions €. Ce coût comprend la rénovation et l’aménagement global de la voirie, la part de l’investissement lié aux aménagements cyclables représentant 111 millions €.

La remise en question de la place de la voiture dans la ville en favorisant sa dimension utile, le développement d’un réseau cyclable sûr et confortable et un réseau de transports en commun dense offrant une grande amplitude horaire concourent à faire de Lille une ville apaisée favorisant les modes actifs où il fait bon flâner, se promener et visiter. Cette transition est également une question d’équité pour les publics qui se déplacent en vélo par nécessité ou par choix et n’a été rendue possible que par des actions sur tous les leviers possibles pour inciter les citoyens et les encourager à adopter d’autres modes de transport mais aussi par des mesures pour décourager l’usage de la voiture et par le recours nécessaire à la verbalisation.

Ce changement a demandé beaucoup de courage de la part des élus confrontés à de vives oppositions et à des protestations virulentes, mais dans l’ensemble, quelques mois après l’implémentation de chacun de ces changements, le sentiment général était positif et il n’y avait pas de volonté de retour en arrière.

La visite du centre ville avec la rénovation de plusieurs boulevards urbains et de square récemment rénovés permet de visualiser les effets de cette politique et d’apprécier ces aménagements qui concourent à une ville apaisée comme le montre cette photo de la porte de Paris ceinturée auparavant d’un rond-point de plusieurs voies en plus de stationnement et où la circulation a été déviée d’un côté pour créer une esplanade végétalisée depuis la porte jusqu’à l’hôtel de ville en supprimant le parking devant ce bâtiment.

 

Le boulevard Carnot à proximité des gares mis en sens unique avec piste cyclable bidirectionnelle et végétalisation comparé à la situation antérieure.

 

Il faut néanmoins mettre un bémol par rapport à la zone piétonne où, à la suite de nombreux conflits entre cyclistes et piétons,causés en grande partie par des livreurs à vélo, la ville a pris un arrêté imposant aux cyclistes, trottinettes et autres engins de déplacement de mettre pied à terre. Cette mesure est malheureusement particulièrement contraignante en imposant des détours conséquents par des voiries moins sûres, d'autant plus pour certaines catégories de cyclistes circulant en vélo-cargo, longtails ou vélos avec des remorques .

N. Selfslagh

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