En cette période de crise sanitaire, respecter les distances physiques de sécurité est essentiel pour limiter la propagation du virus. Mais quand les pistes cyclables sont trop étroites, c'est parfois mission impossible pour les cyclistes. Pour le GRACQ, le cycliste qui circule sur la chaussée, faute de place sur la piste cyclable, agit dans le respect des règles sanitaires, mais aussi du code de la route. 

Pratiquer une activité physique a une influence positive sur notre bien-être physique mais également mental : en plein confinement, le vélo s'avère plus que jamais un mode de déplacement à privilégier. À certains endroits, on assiste à une véritable explosion du nombre de cyclistes.

Mais les pistes cyclables, quand elles ont le mérite d'exister, ne permettent pas toujours au cycliste de respecter la distanciation de rigueur vis-à-vis des autres cyclistes ou des piétons. Certains cheminements cyclo-piétons ont même été interdits aux cyclistes pour éviter une trop grande proximité des usagers… sans nécessairement proposer d'alternative pour les (nouveaux) adeptes du vélo.

Pour le GRACQ, il est absolument essentiel que les pouvoirs publics installent rapidement des pistes cyclables là où elles sont requises, ou élargissent temporairement les aménagements existants lorsqu'ils sont insuffisants pour permettre aux cyclistes d'appliquer les règles de distanciation physique.

Piste trop étroite ?

Mais quelle attitude adopter lorsque les pistes cyclables ou trottoirs cyclo-piétons existants ne permettent pas de se déplacer en respectant les précautions sanitaires ? Logiquement, une partie des cyclistes empruntent la chaussée, ce qui se justifie d'autant plus que la plupart des axes sont vidés de leur trafic automobile. Il apparaît pourtant que la police est intervenue dans certains cas afin de rappeler que la piste cyclable était d'usage obligatoire. 

L'article 9.1.2 du code de la route est pourtant très clair à cet égard : les pistes cyclables sont d'usage obligatoire, pour autant qu'elles soient praticables. Dans les circonstances actuelles, une piste cyclable qui imposerait aux cyclistes d'enfreindre la distanciation physique imposée par les pouvoirs publics n'est pas nécessairement "praticable". Si la fréquentation l'impose, rouler sur la chaussée constitue un "geste barrière", et n'est en aucune façon une infraction au code de la route, selon le GRACQ. Il serait contre-productif d'encourager les citoyens à faire fi des précautions sanitaires sous prétexte d'une interprétation restrictive du code de la route.

Interrogée sur les réseaux sociaux, la police fédérale s'est montrée quelque peu évasive : "Vous pouvez/devez dévier de la piste cyclable pour éviter un obstacle ou pour dépasser quelqu'un. Une fois passé, mieux vaut rouler à nouveau en sécurité sur la piste". Cette recommandation ne s'accommode cependant pas toujours de la réalité de terrain. Le GRACQ encourage donc les autorités à supprimer toute ambigüité qui pourrait subsister à ce sujet : il est absolument essentiel que la règle soit claire pour tous, et en priorité pour ceux censés la faire respecter. 

Florine CUIGNET

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