Depuis le 1er octobre 2020, chacune des 19 communes bruxelloises est désormais libre d'édicter des mesures sanitaires spécifiques sur son territoire. Parmi elles, Ixelles et Woluwe-St-Lambert ont déjà rendu obligatoire le port du masque sur certaines zones de leur commune, y compris pour les cyclistes. Que feront les autres communes ? Le GRACQ et le Fietsersbond craignent qu'une règlementation morcelée porte préjudice à l'usage du vélo dans la capitale et demandent une règle pragmatique et claire à l'échelle régionale.
Sain et durable, le vélo permet de parcourir en un temps optimal des distances de plusieurs kilomètres. À Bruxelles, il est donc courant qu'un cycliste traverse différentes communes au cours d'un même trajet. Jusqu'ici, il était tenu de porter son masque lorsque la situation ne lui permettait pas de respecter les distances physiques requise. La nouvelle règlementation à l'échelle locale risque de créer beaucoup de confusion.
La densité du tissu urbain à Bruxelles est telle qu'il est très difficile pour le cycliste de savoir quel morceau de quelle commune il est en train de traverser. Les communes d'Ixelles et de Woluwe-St-Lambert ont rendu le port du masque obligatoire pour tout le monde (cyclistes compris) sur certaines artères, avec une amende de 350 euros en cas d'infraction. D'autres communes pourraient suivre cet exemple, rendant la règle incompréhensible : chaque cycliste devra connaître dans quelles rues spécifiques de quelles communes le port du masque est obligatoire ou pas. Une cartographie de la ville pour le moins indigeste qui donnera un coup de frein à une pratique du vélo qui jusqu'ici ne cessait d'augmenter.
"Le GRACQ et le Fietsersbond demandent qu'une approche plus claire et plus pragmatique soit envisagée sous peine de décourager les citoyens à utiliser leur vélo" précise Aurélie Willems, secrétaire générale du GRACQ. "Le risque réel, c'est de provoquer un report modal soit vers la voiture (ce qui irait à l'encontre des objectifs du Plan Good Move), soit vers les transports en commun (ce qui renforcerait le risque sanitaire que nous cherchons à réduire)".
Conscients de l'importance des gestes barrières, le GRACQ et le Fietsersbond recommandent le port un masque à vélo dans les situations ne permettant pas de respecter les distances sociales. Ils avaient d'ailleurs soutenu cette position avant même que le port du masque obligatoire ne fasse partie des mesures du gouvernement. Les associations cyclistes rappellent toutefois que le port du masque est déconseillé par l'Organisation Mondiale de la Santé pour la pratique d'une activité physique telle que la pratique du vélo, et qu'étendre l'obligation du port du masque à vélo sur l'ensemble de la Région serait dès lors un mauvais signal.
Les associations cyclistes demandent aux communes que soit laissé aux cyclistes la responsabilité de se masquer lorsque les conditions l'exigent (artères trop fréquentées, espaces partagés piétons-cyclistes, etc), à l'instar de ce qui était d'application jusqu'au 30 septembre 2020 sur l'ensemble du territoire régional. Ceci permettant de poursuivre la lutte contre la propagation du Covid-19 tout en intégrant les déplacements à vélo comme facteur indispensable.
Ces inquiétudes, le GRACQ et le Fietsersbond les ont relayées aux communes d'Ixelles et de Woluwe-St-Lambert. Une rencontre a également eu lieu le 22 octobre avec le bourgmestre d'Ixelles. "Une tempête dans un verre d'eau", estime le bourgmestre, dans la mesure où "le cycliste qui ne souhaite pas porter un masque dans certaines zones n'a qu'à les contourner". Si la logique est peut-être défendable à l'échelle du seul territoire ixellois, elle s'avère intenable à partir du moment où chacune des 18 autres communes procède de son propre règlement… Une perspective plus globale que ne partage malheureusement pas le bourgmestre d'Ixelles. Celui-ci nous a toutefois assuré que les policiers avaient reçu la consigne de faire preuve de discernement, afin de ne pas verbaliser de manière aveugle au sein des zones concernées.