À l'occasion de la Journée Mondiale de la Santé, le 7 avril, le GRACQ se joint aux 140 signataires de l'appel lancé par Les Chercheurs d’Air avec le soutien de la Société Scientifique de Médecine Générale (SSMG). Médecins, scientifiques, organisations de santé et environnementales : tous réclament aux futur·e·s élu·e·s des mesures pour lutter pleinement contre la pollution de l'air en région bruxelloise.
Mesdames et Messieurs les candidates et candidats aux élections communales et régionales bruxelloises 2024,
Nous, médecins, scientifiques, organisations de santé et organisations environnementales, vous demandons, si vous êtes élu·e·s, de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour lutter pleinement contre la pollution de l’air en Région de Bruxelles-Capitale.
La capitale belge fait partie des plus polluées d’Europe. Elle est exposée à des concentrations en particules fines et en dioxyde d’azote (deux polluants émis respectivement à 30% et à 60% par le trafic routier) parfois bien au-dessus des recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). À certains endroits, le seuil de l’OMS est dépassé de 5 fois pour le dioxyde d’azote et de 2 fois pour les particules fines PM2.5.
Les dangers pour notre santé
Chaque année, plus de 900 Bruxelloises et Bruxellois meurent prématurément à cause de cette mauvaise qualité de l’air. Cela représente plus de 2 décès par jour et plus de 10% de la mortalité dans la capitale, toutes causes confondues.
Les particules fines peuvent se retrouver dans notre sang, en passant par nos poumons, et pénétrer jusqu’à notre cœur ou notre cerveau. Voici une liste, longue et pourtant non exhaustive, des dangers sanitaires qu’implique cette pollution : augmentation des risques de maladies cardiovasculaires, d’accidents vasculaires cérébraux, d’accouchements prématurés, de troubles de l’attention chez l’enfant, de risques de démence chez les personnes âgées, de certains types de diabète, ou encore de certains cancers.
De son côté, le dioxyde d’azote, un gaz irritant, peut contribuer au développement de l’asthme, ainsi qu’augmenter le risque d’infections respiratoires et de difficultés pulmonaires chroniques (toux, difficultés à respirer, réduction de l’odorat, bronchites, allergies…).
Les enfants sont particulièrement vulnérables à la pollution de l’air car leur métabolisme est encore en développement, car ils respirent plus vite et parce que, du fait de leur petite taille, ils sont plus proches des sources de pollution que sont les pots d’échappement. Lutter contre la pollution de l’air permet donc de mieux protéger la santé des plus jeunes.
De manière générale, la pollution de l’air touche aussi plus durement les populations défavorisées. En effet, l’accès de ces dernières à des espaces verts, à des activités sportives ou à une alimentation saine est souvent difficile et ne permet pas ou peu de contrebalancer les impacts néfastes des polluants sur leur santé. Elles sont aussi souvent plus exposées à la pollution de l’air intérieure, qui exacerbe alors les effets de la pollution extérieure.
La pollution de l’air est également un gouffre financier. En 2018, elle a coûté 1,6 milliard d’euros à la région bruxelloise, soit 1 400€ en moyenne par Bruxellois·e pour cette seule année.
L’Union européenne est en train de revoir les normes de qualité de l’air afin que ces dernières soient plus strictes et se rapprochent des recommandations de l’OMS. Malheureusement, cela va prendre du temps et les nouvelles limites resteront insuffisantes pour protéger correctement la santé des citadin.es.
Nous, médecins, scientifiques, associations de santé et environnementales, vous demandons donc à vous, candidates et candidats aux élections régionales et communales de 2024, de vous engager clairement et fermement à lutter au niveau local contre la pollution de l’air durant votre mandat si vous veniez à être élu·e·s.
Des engagements clairs de la part des candidat·e·s
Ce combat doit passer par :
- Le maintien strict du calendrier de la zone de basses émissions (LEZ), à savoir une sortie du moteur diesel d’ici 2030 et du moteur thermique d’ici 2035 au plus tard sur tout le territoire de la Région bruxelloise. La LEZ est, à ce jour, l’outil le plus efficace pour lutter contre la pollution de l’air en ville. Elle a permis des réductions de dioxyde d’azote de près de 40% à certains endroits.
- Le développement des quartiers apaisés, comme celui qui a été mis en place au centre de Bruxelles. La réduction du trafic routier (de 15 à 20% en un an dans le quartier Pentagone) implique une diminution de la pollution de l’air, mais également du bruit et des risques d’accident. Cela libère aussi de l’espace qui peut alors plus facilement être végétalisé.
- La création, partout où c’est possible, de rues piétonnes et verdurisées devant les écoles. Il a été prouvé (voir ici et là) que cet aménagement urbain permet de lutter efficacement contre la pollution de l’air. Les enfants, qui passent une grande partie de leur temps à l’école, sont alors mieux protégés de la pollution.
- Une incitation forte à utiliser les points relais, plutôt que la livraison à domicile, pour les colis dont la taille et le poids le permettent. Les livraisons, le plus souvent effectuées par des camionnettes diesels, sont une source grandissante de pollution de l’air. Or 60% des Bruxellois.es habitent à moins de 5 minutes à pied d’un point relais et 98% à moins de 10 minutes.
- Le développement de l’autopartage pour diminuer le nombre de véhicules en ville. En effet, une voiture partagée remplace plusieurs voitures privées, ce qui aide à lutter contre la pollution de l’air. Cette optimisation des véhicules permet également de libérer des places de parking et, ainsi, de créer des opportunités de végétalisation et/ou d'accroître l’espace dédié à la mobilité active.
- L’augmentation du réseau de pistes cyclables séparées du trafic sur les axes à plus fort trafic, en privilégiant dès que possible, la réalisation d’infrastructures rapides à mettre en œuvre et peu coûteuses, afin d’assurer à court terme de bonnes conditions de sécurité (sans attendre la création de projets de grande ampleur).
Nous vous remercions par avance pour votre engagement clair et fort en faveur de la santé de tous les Bruxellois et toutes les Bruxelloises.