- Article du 17 juillet 2022 -
Le 16 août verra des changements majeurs au sein du Pentagone bruxellois : un nouveau plan de circulation entrera en vigueur dans le centre. L'objectif est de "rendre le quatier plus accessible, plus agréable et plus sûr pour tous les modes de déplacements". Que penser de ce quartier apaisé, l'un des tout premiers en région bruxelloise ? Aux côtés d'autres associations, le GRACQ s'est penché sur le plan de ciculation à venir.
50 quartiers apaisés Good Move
Le Pentagone constituera l'un des tout premiers quartiers apaisés en région bruxelloise (avec Cureghem à Anderlecht et Colignon-Josaphat à Schaerbeek). Le Plan Régional de Mobilité Good Move divise en effet la région en 50 quartiers (aussi appelés "mailles") qui seront progressivement convertis en "quartiers apaisés" (au rythme de 5 quartiers par an) : l'objectif est d'y éliminer le trafic de transit (c'est-à-dire éliminer le trafic motorisé dont la destination est située en-dehors du quartier), afin d'améliorer la qualité de vie, la qualité de l'air, la sécurité, et d'y encourager les déplacements à pied, à vélo et en transports publics.
Avec l'entrée en vigueur d'un tout nouveau plan de circulation le 16 août prochain, la Ville de Bruxelles espère bien concrétiser ses ambitions en termes de mobilité, de sécurité, de qualité de vie. Et la pression est grande : en tant que pionnier, le Pentagone bruxellois doit faire office d'exemple !
Quartiers apaisés : quels objectifs ?
Les associations qui se sont penchées sur le plan de circulation du Pentagone s'accordent sur les objectifs du schéma de circulation qui doit permettre d'apaiser le Pentagone :
- Favoriser la circulation à pied et à vélo au sein du quartier, en accordant à ces modes davantage de place et en garantissant leur sécurité.
- Améliorer la sécurité routière, en réduisant les embouteillages, en diminuant les vitesses et en organisant mieux les points problématiques.
- Augmenter la qualité de l'espace public, pour les personnes qui résident ou qui séjournent dans le quartier.
- Limiter l'espace occupé par la circulation automobile (circulation et stationnement) afin de libérer de l'espace pour les autres modes de déplacements et pour d'autres activités urbaines.
- Réduire la pression automobile afin d'améliorer la qualité de l'air.
Les manquements du plan
Le nouveau plan de circulation constitue sans conteste un pas dans la bonne direction. Et pourtant, on ne peut s'empêcher de remarquer des manquements au sein de ce nouveau plan de circulation, en regard des objectifs mentionnés ci-dessus.
À commencer par le principe STOP[1], dont la logique n'est pas suffisamment respectée. Le plan conserve le point de vue de l'automobiliste comme point de départ. Les autres modes de déplacement ne sont pas suffisamment avantagés, et sont envoyés le long d'axes de transit éventuels, où la qualité de l'air est déjà mauvaise.
Au sein du Pentagone, on constate que peu d'espace actuellement dévolu au trafic sera libéré, en-dehors de quelques nouvelles zones piétonnes. Par exemples, les nouvelles rues à sens unique restent bien souvent à double sens pour les bus. La qualité de l'espace public est principalement abordée au travers d'un certain nombre de projets temporaires. Le plan de circulation lui-même semble apporter peu de changements à la qualité de vie dans la ville, en raison du peu d'espace supplémentaire libéré.
Plusieurs ZACA (zones à concentration d'accidents) sont situées au sein du périmètre concerné : l'impact concret du plan de circulation sur la sécurité routière ne pourra s'envisager qu'après sa mise en œuvre.
Enfin, le plan de circulation ne semble pas apporter de réponse concrète pour améliorer la qualité de l'air aux endroits où on enregistre les pires scores : les axes de transit possibles coïncident avec les points noirs en termes de qualité de l'air.
Rendez-vous donc à partir du 16 août, pour constater sur le terrain les impacts de ce nouveau schéma de circulation dans le Pentagone bruxellois !
Analyse partagée par : ARAU, BRAL, Alhambra Neighborhood Committee, Chercheurs d'Air, Clean Cities, Critical Mass Brussels, EU Cycling Group, Fietsersbond, FietserbondGRACQ1000, Filter Café Filtré, GRACQ, Heroes for Zero, johanna.be, Sustainable Mobility Network, Walk.Brussels
[1] Le principe STOP opère une hiérarchisation entre les différents modes de déplacement, en accordant une plus grande priorité aux modes les plus durables et les plus universels : les piétons (Stappen), les cyclistes (Trappen), les transports publics (Openbaar vervoer) et enfin, les véhicules motorisés individuels (Privévervoer).