Le gouvernement bruxellois a décidé aujourd’hui de rendre le port du masque obligatoire dans l’espace public, sur l'ensemble du territoire régional. Si une exception est accordée en ce qui concerne la pratique d'un sport, le GRACQ et le Fietsersbond s'inquiètent toutefois de ce que les cyclistes "utilitaires" en soient exclus. Il est nécessaire de revoir la règlementation d’une manière pragmatique afin de ne pas décourager l'usage du vélo en cette période de crise sanitaire.
Le GRACQ se montre particulièrement attentif aux questions sanitaires et à l'importance des gestes barrières : dès le début de la crise COVID-19, et avant même que le port du masque ne devienne obligatoire dans certains lieux, notre association a recommandé le port du masque à vélo dans les endroits fort fréquentés par les cyclistes ou les piétons. À cet égard, nous comprenons également que le masque soit obligatoire dans certaines zones ciblées, pour les cyclistes également, là où ils côtoient de nombreux usagers (chaussée d'Ixelles, piétonnier du centre…).
Toutefois, nous regrettons la décision d’imposer le port généralisé du masque partout et à tout moment. Une telle imposition risque d’avoir des effets négatifs sur la mobilité urbaine et, par conséquent, sur la santé de citoyen·ne·s.
Nous avons reçu, ces derniers jours, de nombreuses questions quant à l'application pratique de ces mesures. Seules les activités physiques définies comme "sportives" bénéficient, à l'heure actuelle, d’une dérogation. Encore n'a-t-il pas été défini clairement où commence et s’arrête une telle activité.
Tout déplacement à vélo implique une activité physique, plus ou moins modérée. Bruxelles étant caractérisée par un fort dénivelé, cela implique que même de petits déplacements peuvent requérir une activité physique importante. Ceci est encore plus vrai pous les déplacements plus longs : certains personnes parcourent plus de 20 kilomètres pour rejoindre leur lieu de travail. Les conditions météorologiques du moment accentuent d'autant plus les efforts physiques et rendent le port du masque d'autant plus pénible.
Ne pas décourager l'usage du vélo
Si une obligation généralisée a le mérite d'être claire, il est certain qu'elle va gravement pénaliser les personnes qui se déplacent à vélo à Bruxelles et, par conséquent, va inciter une partie des citoyens à se diriger vers d'autres modes de déplacement. Un report modal vers la voiture irait clairement à l'encontre des objectifs du gouvernement bruxellois et renforcerait les conséquences négatives liées à la pollution de l'air. Il irait aussi contre les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé par rapport aux déplacements. Un report modal vers les transports publics n'est pas plus souhaitable: plus de Bruxellois·es dans les bus, trams et métros ne ferait que renforcer le risque sanitaire que nous cherchons à tout prix à réduire.
Au vu de ces éléments, et tout en considérant l'importance des gestes barrières pour la santé et la sécurité de tou·te·s, le GRACQ comme le Fietsersbond insistent pour que le gouvernement montre une certaine souplesse pragmatique à l'égard des déplacements à vélo. Le port du masque est nécessaire dans les zones partagées entre cyclistes et piétons ainsi que dans les artères plus fréquentées. Dans les autres cas, nous souhaitons que le port du masque soit vivement recommandé pour les cyclistes, mais que ceux-ci puissent bénéficier de l'exception accordée aux pratiques dites "sportives".
C'est en ce sens que nos deux associations ont adressé un courrier au ministre-président de la région bruxelloise, Rudi Vervoort.