Les cyclistes seront bannis du piétonnier du boulevard Anspach. La menace planait depuis un certain temps, la nouvelle majorité de la Ville de Bruxelles entend bien la mettre à exécution. Une décision que déplore bien évidemment le GRACQ, qui pointe l'insécurité de l'itinéraire alternatif parallèle. 

Dans son accord de majorité 2024-2030, le nouveau Collège bruxellois annonce la couleur : "Vu le succès de la zone piétonne et la forte affluence, il y a lieu de restreindre l’accès du piétonnier du boulevard Anspach aux seuls piétons (sauf durant le créneau horaire entre 4h00 et 11h00, notamment pour permettre les livraisons). Par ailleurs, il est essentiel de prévoir des itinéraires alternatifs pour les cyclistes, parallèles au boulevard Anspach, afin de garantir une circulation fluide et sécurisée pour l’ensemble des usagers." L’interdiction deviendrait effective, toujours selon ce même texte, dès la fin des travaux aux abords de Brucity.  

Faut-il vraiment s’étonner de la situation actuelle au sein du piétonnier ? Elle n’est au final que la suite logique de la non prise en compte des cyclistes, dès le début du projet de piétonnisation des boulevards du centre.  Si le GRACQ s’est associé très tôt aux diverses manifestations en faveur de boulevards apaisés, notre association a aussi pointé la suppression d’un itinéraire cyclable structurant, sans que rien ne soit vraiment prévu pour les cyclistes : ni à l’intérieur du piétonnier afin de limiter les conflits avec les piétons, ni en parallèle où il était envisagé, à l’époque, de renvoyer les cyclistes au milieu d’un trafic motorisé dense (le fameux "mini-ring"). 

L'alternative ? Trop peu sécurisante !

Depuis, la situation a évolué positivement sur l’axe alternatif Laeken - Vierge Noire - Van Artevelde. Mais en dépit de son statut de "rue cyclable" et des améliorations apportées sous la précédente législature, celui-ci reste encore trop  peu sécurisant pour les cyclistes, en particulier les enfants, les cyclistes moins expérimentés ou moins confiants. L’axe accueille encore un trafic important à certaines heures, tout comme de nombreux bus et poids lourds. L’interdiction de dépasser les cyclistes y est en outre bien peu respectée, et ne suffit pas à elle seule à en faire un itinéraire accueillant.

La rue cyclable de la rue de Laeken

L’insécurité que peuvent ressentir les cyclistes sur cet axe est l’une des raisons qui incite à emprunter préférentiellement la zone piétonne. Pour le GRACQ, les cyclistes dont la destination n’est pas située à l’intérieur du piétonnier n’auraient pas d’intérêt à aller se mêler au flux piéton parfois intense si un tracé cyclable efficace et sécurisé existait en parallèle.

Le bannissement des cyclistes pose en outre de nombreuses questions. Les logements, les commerces et les services ne seront plus directement accessibles à vélo, à commencer par le grand parking vélo de la Bourse et les ateliers/commerces vélos situés dans le périmètre. Les livraisons à vélo ne pourront plus être effectuées que durant le créneau horaire dédié aux livraisons motorisées, réduisant par là un avantage majeur de la cyclo-logistique. Les cyclistes qui se contentent de traverser le boulevard devront-ils aussi mettre pied à terre ? Et pourquoi restreindre la circulation des cyclistes aux seules heures de livraisons – précisément aux moments où manœuvrent de nombreux camions et camionnettes ?  

Plus de sensibilisation, davantage de contrôles

Tout n’est pas rose au sein du piétonnier : les situations conflictuelles entre usagers existent bel et bien. Mais le GRACQ regrette que le comportement dangereux de certains conduise aujourd’hui à pénaliser l’ensemble des personnes qui se déplacent à vélo dans la zone. Outre la création d’un véritable itinéraire cyclable alternatif, le GRACQ plaide pour des actions de sensibilisation régulières, pour rappeler aux cyclistes d’adapter leur vitesse et de faire preuve de prudence (le piéton reste prioritaire), et informer les piétons que les cyclistes sont admis – à allure réduite – dans la zone. La Ville en a déjà organisé par le passé, auxquelles le GRACQ s’associe volontiers. 

Action de sensibilisation au sein du piétonnier des boulevards du centre à Bruxelles

Il est également indispensable d’assurer une présence policière régulière, et de verbaliser les comportements problématiques. La Ville de Bruxelles dispose à cet égard d’une brigade cycliste très compétente et efficace.

Bannir les cyclistes des boulevards du centre n’est pas une solution : c’est en ce sens que le GRACQ a rejoint les signataires d’une lettre ouverte parue dans la presse en début de semaine. Notre association entend également faire valoir ses arguments au sein de la commission communale "modes actifs", où le sujet sera sans aucun doute une nouvelle fois à l’ordre du jour. 

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