Dans le cadre du déconfinement, de nombreuses villes et communes envisagent d'encourager la pratique du vélo sur leur territoire. Saviez-vous que ces avancées sont souvent le fruit de réflexions de cyclistes bénévoles, parfois pensées bien avant la crise ?
Certains se diront qu'il aura fallu attendre une crise sanitaire sans précédent pour que le monde politique s'intéresse enfin au vélo. De nombreuses villes et communes semblent en effet vouloir anticiper la baisse de capacité des transports en commun et limiter le report vers la voiture individuelle. Ces décisions viennent parfois de décideurs politiques déjà convaincus par le vélo. Mais souvent, c'est le travail de terrain mené par quelques citoyens qui permet de faire bouger les lignes.
Le GRACQ est constitué d'une multitude de groupes locaux à Bruxelles et en Wallonie. Dans chacun de ceux-ci, des cyclistes bénévoles mettent leur expertise de terrain au profit d'une vision de la mobilité plus inclusive et plus respectueuse de tous. C'est un travail sur du long terme où les victoires, même petites, se font parfois attendre. Mais ce travail de pression et de conseil auprès des décideurs politiques est indispensable pour que le changement ait lieu.
Un travail de l'ombre pour un avenir plus lumineux
Dans le cadre des mesures de (dé)confinement, bon nombre de ces groupes locaux ont pris contact avec leurs échevins. Non seulement pour rappeler des revendications de longue date (comme par exemple la réduction de la vitesse, l'installation de stationnement vélo ou encore la mise en œuvre de sens uniques limités), mais également pour appuyer des demandes spécifiques destinées à faire face aux impacts "mobilité" de la crise sanitaire (réalisation "rapide" de pistes cyclables, élargissement des infrastructures là où l'aménagement ne permet pas de maintenir la distanciation sociale requise…).
Un travail conséquent réalisé en Wallonie par les groupes de Braine-l'Alleud, Braine-le-Comte, Gembloux, Hannut, Jodoigne, Liège, Mons, Mouscron, Namur, Nivelles, Ottignies, et à Bruxelles par les groupes de Bruxelles-Ville, Ixelles, Jette, Molenbeek, Uccle, Watermael-Boistfort … ou encore Forest-St-Gilles, qui a compilé de manière très visuelle les propositions d'aménagements des membres du GRACQ sur une carte collaborative.
Même si la finalité reste identique, certaines demandes ou moyens d'action sont parfois un peu différents. Citons par exemple :
- La proposition du GRACQ Watermael-Boistfort d'un atelier participatif de réparation vélo afin de rendre les habitants plus autonomes.
- La pétition initiée par le GRACQ Tournai pour faciliter l'accès de la gare aux cyclistes.
- La démarche vis-à-vis des établissements scolaires envisagée par le GRACQ Pays de Herve afin de sensibiliser élèves et parents à l'importance de prendre son vélo. Les écoles seront par ailleurs invitées à soutenir la demande d'aménagements cyclables dans la commune afin de rendre les trajets plus sûrs.
- La distribution à vélo des kits de confection de masques gérée par le GRACQ Rixensart.
Le GRACQ n'hésite pas à s'inscrire, dès que possible, dans une démarche collective : à Schaerbeek, Mons ou Liège, le GRACQ a ainsi cosigné des courriers aux Bourgmestres demandant que la mobilité active soit sécurisée et encouragée après le confinement.
L'urbanisme tactique est en marche
L'urgence de la situation impose d'aller vite. C'est le règne de l'urbanisme "tactique" : la mise en œuvre de solutions souples et rapides qui permet d'apporter une réponse aux défis qui se posent tout en expérimentant de nouvelles configurations de l'espace public. Mais cette souplesse a également un caractère moins définitif : le maintien de nombreux aménagements ne sera donc pas garanti lorsque la situation sanitaire se sera normalisée.
Même temporaires, de tels aménagements ne peuvent être une réussite que s'ils s'adressent à tous, y compris les cyclistes moins expérimentés. Il est donc essentiel que ces aménagements "tactiques" soient bien pensés et répondent à la principale préoccupation des personnes roulant ou désirant rouler à vélo : la sécurité. Les groupes locaux du GRACQ y resteront attentifs et ne manqueront pas de continuer d'interpeler, conseiller, avertir leurs autorités communales.
La vraie victoire, celle de la santé, du climat et de la sécurité routière pour tous, se mesurera au nombre de personnes qui décideront demain d'enfourcher leur vélo. Et ce nombre dépendra largement de la sécurité que notre société est prête à leur garantir. Chaque jour, les membres du GRACQ travaillent de façon concrète, constructive, bénévole, et résolument optimiste pour rendre cela possible. N'hésitez pas à les rencontrer et les soutenir.
Gaël De Meyere & Florine Cuignet