En région bruxelloise, plusieurs pistes cyclables marquées ont été équipées l'an dernier d’un dispositif de séparation du trafic motorisé. Qu'en pensent les cyclistes bruxellois? 

Les pistes cyclables marquées permettent d’assurer au cycliste un minimum de place et de confort sur la route, par rapport au trafic motorisé. Leur principal désavantage réside dans l’absence de protection physique vis-à-vis des véhicules : les automobilistes empiètent parfois sur cet espace, voire s’y arrêtent en toute illégalité.

Pour renforcer la sécurité de certaines pistes marquées, Bruxelles Mobilité a installé des dispositifs de séparation entre la piste marquée et les voies automobiles : on en retrouve le long de l'avenue Delleur (Watermael-Boitsfort), le long de l’avenue Joseph Baeck (Molenbeek) ou encore sur l'avenue Churchill (Uccle).

Dispositif de séparation à l'avenue Joseph Baeck à Molenbeek

"Globalement positif, mais..."

Fin d'année passée, le GRACQ a collecté l'avis des cyclistes sur ce dispositif. Sans prétendre à la représentativité, ce sondage avait surtout pour objectif d'effectuer un relevé des points positifs et des points d'attention.

La plupart des commentaires soulignent le côté rassurant du séparateur, par rapport à un simple marquage. Néanmoins, un partie des répondants estiment que le dispositif est fort bas : le sentiment de sécurité qu'il procure reste très limité dès que le trafic est intense, que les vitesses sont élevées ou en présence de poids lourds. Certains émettent le souhait d'un dispositif plus haut et plus visible (de type potelet).

Plusieurs personnes évoquent également le cas des motards qui utilisent la piste cyclable pour remonter les files de voitures : le dispositif limite désormais ce phénomène, mais accentue par contre le danger lorsqu'un motard emprunte malgré tout la piste cyclable.

Dispositif de séparation à l'avenue Delleur à Watermael-Boitsfort

Ces retours globalement positifs s'assortissent également de critiques, ou de points d'attention :

  • L'impossibilité de dépasser ou de contourner un obstacle sur la piste en raison de l'étroitesse de la piste, ce qui s'avère extrêmement problématique au vu des vitesses très différentes auxquelles se déplacent les cyclistes. Le cycliste qui franchit les séparateurs pour contourner un obstacle se retrouve davantage en situation de danger vis-à-vis du trafic motorisé.
  • Le risque de chute lié à l'espacement entre les séparateurs (risque accrû en descente, dans le cas de Delleur), ainsi qu'à leur visibilité limitée (surtout la nuit) et à l'étroitesse de la piste.
  • Le placement de ces séparateurs restreint encore le peu d'espace dédié au vélo.
  • La résistance limitée du dispositif : certains séparateurs étaient déjà partiellement détachés de leur ancrage, avec le risque de les retrouver sur la piste une fois les deux points de fixation arrachés.
  • Le fait que le dispositif ne supprime pas entièrement le problème de stationnement illicite.
  • Le fait que seules les sections sont concernées : les dispositifs s'interrompent en amont des intersections où le cycliste est à nouveau directement confronté au trafic motorisé.
    Concernant l'avenue Delleur en particulier, les répondants estiment que les vrais problèmes de sécurité se posent à d'autres endroits de l'avenue où certains automobilistes doublent par la piste cyclable, ou tournent à droite en coupant la trajectoire du cycliste. Les séparateurs renforcent le respect de la piste à un endroit au final assez peu problématique.

Au final, la grande majorité des répondants s'accordent sur le fait que ce type de dispositif ne remplace pas une véritable séparation des cyclistes et du trafic motorisé, qui nécessite alors des travaux plus lourds pour obtenir un aménagement cyclable de qualité.

Il peut toutefois constituer, dans certains cas, une réponse rapide à mettre en œuvre pour renforcer le respect du marquage. Encore faut-il sélectionner le bon dispositif (qui permette de concilier les différents impératifs) et surtout les endroits qui se prêtent au placement de tels éléments.

Florine CUIGNET

19343 personnes soutiennent déjà le mouvement cycliste

Je soutiens le GRACQ