Le projet de réaménagement de l’avenue de Tervueren est à l'enquête publique jusqu'au 18 novembre. Si le projet comprend certains éléments positifs, il reste basé sur une vision de court terme et manque d'ambition. Le GRACQ, rejoint par Fietsersbond, EUCG et Heroes for Zero, réclame que le projet soit modifié pour répondre aux besoins actuels et futurs des cyclistes.
La construction de pistes cyclables le long de l’avenue de Tervueren pourrait, a priori, sembler une bonne nouvelle pour les cyclistes qui attendent depuis de longues années que région et communes s’accordent enfin sur un projet de réaménagement pour le tronçon entre Mérode et Léopold II. Et pourtant...
Fidèle à ses principes et à sa vision, le GRACQ réclame des aménagements qui non seulement profitent à tous les cyclistes, mais s'avèrent également capables de soutenir le long terme. Et c’est là que le bât blesse : non seulement le projet ne développe aucune vision de long terme, mais il ne permet aucune possibilité d’évolution. Le manque d’ambition est d’autant plus consternant que le tronçon concerné fait partie d’un axe majeur du réseau cyclable (cyclostrade Louvain-Tervueren-Bruxelles) et devrait dès lors s'inscrire dans une vision stratégique globale, afin d'assurer des déplacements efficaces, tant pour les cyclistes locaux que pour les cyclistes parcourant de plus longues distances.
Le GRACQ réclame des aménagements qui non seulement profitent à tous les cyclistes, mais s'avèrent également capables de soutenir le long terme. C'est indispensable, au regard des travaux et des budgets qui seront engagés et profileront le visage de l’avenue pour les décennies à venir.
Deux contraintes fortes ont été imposées par les autorités communales concernées pour la réalisation du projet : d’une part le refus d’un aménagement bidirectionnel (pourtant dans la continuité logique des aménagements situés en amont et en aval du tronçon considéré), et d’autre part la préservation des emplacements de stationnement automobile en voirie. Ces contraintes ont lourdement pesé sur le projet et ne permettent pas de rencontrer les standards de qualité attendus pour l’aménagement cyclable.
L'avis du GRACQ sur le projet de réaménagement
Dans son avis, le GRACQ développe une série d'arguments, résumés ci-dessous.
Le projet propose des pistes cyclables unidirectionnelles
Le GRACQ réclame une piste bidirectionnelle côté sud (tout en maintenant un aménagement cyclable côté nord), pour des raisons de cohérence et de lisibilité du tracé, mais aussi pour des raisons d'efficacité des déplacements. Cela correspond à un réel besoin : de nombreux cyclistes circulent déjà aujourd'hui à contresens sur la latérale sud (en toute illégalité et sans sécurité). Le projet prévoit que quelques tronçons uniquement puissent être parcourus dans les deux sens (notamment pour assurer l'accès aux traversées cyclo-piétonnes). Il serait illusoire d'imposer aux cyclistes de traverser l'avenue à deux reprises : un détour qui représente une dépense de temps et d'énergie pénalisante pour les cyclistes. Il n'existe aucun motif valable de s'opposer à un aménagement bidirectionnel sur l'ensemble du tracé : l’emplacement de la piste n’induit aucun conflit avec les voiries latérales ou avec les entrées de garage. La gestion des carrefours à feux permet également de sécuriser les intersections (comme le long de la petite ceinture).
L'aménagement cyclable ne respecte pas les normes standards.
- Côté sud, le projet prévoit un aménagement de 3 mètres (avec des portions courbes), y compris pour les parties bidirectionnelles du tracé.
- Côté nord, la piste a une largeur d'environ 2 mètres.
Ces largeurs sont donc inférieures aux standards bruxellois pour ce genre d'aménagement : sur le réseau vélo PLUS, la réglementation impose un standard de 2,5 m pour un aménagement unidirectionnel et 4 mètres pour un aménagement bidirectionnel.
Appliquer des largeurs minimalistes est problématique, alors que les flux cyclistes augmentent d'année en année. Mérode enregistre le 2e plus haut score de fréquentation de la région bruxelloise. L’aménagement doit non seulement accueillir un grand nombre de cyclistes, mais aussi tenir compte de la diversité des profils (cyclistes et engins de déplacements, cyclistes plus rapides ou plus lents, vélos de différents gabarits...). La piste cyclabe côté sud étant bordée d'alignements d'arbres, il sera impossible d'élargir l'aménagement dans le futur : il est donc impératif de dimensionner correctement les infrastructures dès le départ.
Suppression des conflits entre cyclistes et piétons.
Le trottoir cyclo-piéton à Mérode fait place à des aménagements distincts pour les cyclistes et les piétons. Cette configuration résout les conflits actuels entre cyclistes et piétons et sécurise les échanges entre bus et métro pour les usagers de la STIB.
La séparation complète du trottoir et de la piste cyclable au niveau des arrêts de transports publics situés près de la rue des Tongres est également très positive.
Un rond-point Montgomery "à la hollandaise".
Le GRACQ soutient la réalisation d’un rond-point "à la hollandaise" à Montgomery : le rond-point automobile est doublé d'un anneau cyclable unidirectionnel clairement séparé du trafic et prioritaire. Le GRACQ souhaite le maintien d'une largeur maximale constante sur l'ensemble de l'anneau (dans le projet, sa largeur varie de 2,8 m à 3,9 m). Une attention particulière doit également être portée aux arrêts de bus, afin de ne pas reproduire les conflits entre cyclistes et piétons que l'on observe aujourd'hui à Mérode.
Carrefour rue des Tongres / avenue des Celtes complexe
Il s'agit d'un carrefour où se croisent plusieurs itinéaires cyclables, mais sa configuration complexe et asymétrique le rend peu lisible, en particulier pour le cycliste qui souhaite changer de direction. Par exemple, le cycliste qui rejoint la rue des Tongres au départ de la latérale sud ne dispose d'aucune phase de feu lui indiquant qu'il peut effectuer son mouvement en toute sécurité. La suppression de la traversée piétonne existante côté trémie imposera des détours et davantage d'attente pour les piétons.
►►►Si le projet contient certains éléments très positifs, il reste malheureusement basé sur une approche très “court-termiste”, sans anticiper l’évolution des pratiques de mobilité : il risque d'être déjà obsolète lors de sa réalisation (au plus tôt à l'été 2028) et figera le profil du tronçon pour plusieurs décennies. La réalisation de ce projet imposerait pourtant des travaux lourds et mobiliserait des budgets conséquents : il est essentiel qu’un futur projet sur l’avenue de Tervueren puisse soutenir une vision de long terme pour la mobilité. Pour le GRACQ, le projet n’est donc pas acceptable dans sa configuration actuelle et doit être adapté afin de répondre correctement aux besoins actuels et futurs des cyclistes.
Exprimer son avis dans le cadre de l'enquête publique : comment faire ?L'enquête publique est un moment privilégié pour faire entendre sa voix ! Vous pouvez réagir soit via le formulaire en ligne, soit en envoyant un mail à concertation@woluwe1150.be pour le 18 novembre au plus tard.
|