Lettre ouverte à Elke Van den Brandt, Benoît Cerexhe et Vincent De Wolf

Madame la Ministre bruxelloise de la Mobilité et des Travaux Publics, 
Monsieur le Bourgmestre de Woluwe-Saint-Pierre, 
Monsieur le Bourgmestre d’Etterbeek, 

Dans sa déclaration de politique générale, en juin 2019, le gouvernement bruxellois s’est engagé à "procéder  à  l’aménagement  systématique d’infrastructures cyclables séparées sur les grands axes régionaux", tout comme il s’est engagé à mettre en œuvre le principe STOP1 dans les politiques de mobilité.

Nos associations se sont réjouies de cet engagement, et tout particulièrement en ce qui concerne la large avenue de Tervueren car, depuis de longues années, y subsiste un tronçon dépourvu de tout aménagement pour les cyclistes. Le tracé comporte également des passages inconfortables, voire carrément insécurisants. 

Depuis lors, le gouvernement a également confirmé :

  • Le statut de "cyclostrade" de l’avenue de Tervueren, les cyclostrades étant destinées à encourager les déplacements à vélo au niveau intra-régional et inter-régional.
  • La nécessité de privilégier les aménagements cyclables séparés (des piétons, des automobiles et des transports publics) et les liaisons directes sur les cyclostrades (voiries "vélo PLUS").   

 

Plus récemment encore, les grandes lignes de Good Living (le futur Règlement Régional d’Urbanisme) en matière d’espace public ont été dévoilées, mettant en exergue la nécessité de limiter la place dévolue à l’automobile pour opérer un rééquilibrage de l’espace public.

Les Collèges de Woluwe-Saint-Pierre et d’Etterbeek ont eux aussi pris des engagements en faveur de la mobilité active

Dans sa note d’orientation politique 2022-2024, le Collège d’Etterbeek soutient lui aussi le principe STOP, tout en précisant que "chaque aménagement doit logiquement découler de cette hiérarchie". Il annonce également vouloir, "en collaboration avec la Région, étudier le réaménagement de l’avenue de Tervueren en boulevard urbain en vue d’un apaisement du trafic et d’un meilleur partage de l’espace public entre usagers actifs et passifs."

Dans sa déclaration de politique générale 2019-2024, le Collège de Woluwe-Saint-Pierre, prend "comme priorité absolue la sécurité de l’ensemble des usagers au sein de l’espace public", avec en ligne de mire "la réduction de l’impact de la mobilité sur l’environnement". La réalisation de la jonction cyclable entre le square Léopold II et Montgomery, en collaboration avec Bruxelles-Mobilité, est là aussi clairement citée. 

Il n’est sûrement pas nécessaire de vous rappeler tous les avantages du vélo : excellent pour la santé physique et mentale, silencieux, non polluant et enfin très économique. Après un été 2022 anormalement chaud et sec et une explosion des prix de l’énergie, les Bruxellois.es sont de plus en plus nombreux à faire le choix de se déplacer à vélo. Cette démarche doit être soutenue et encouragée.

Les Bruxellois.es attendent plus que des promesses !

Nous sommes en septembre 2022, et les cyclistes sont toujours en attente de voir vos promesses se concrétiser. Le dossier de l’avenue de Tervueren reste englué dans un débat stérile : en dépit des engagements politiques et des plans régionaux, la nécessité même de réaliser un aménagement bidirectionnel séparé — du trafic motorisé comme du flux piéton —  sur l’entièreté de l’axe est remise en question au niveau local. Une alternative aux esquisses du projet régional a trouvé écho dans la presse : le maintien du statu quo automobile en est le fil conducteur, et c’est au chausse-pied qu’on tente de caser les cyclistes là où on peut, sans considération pour les besoins exprimés à maintes reprises par les associations d’usagers cyclistes. Nous ne soutenons pas les communications locales au sujet de ce plan alternatif qui aurait soit-disant reçu la caution “des cyclistes” (lesquels ?).

Même la crise COVID n’aura pas permis de faire évoluer la situation. Alors qu’était annoncée, au printemps 2020, la création de 40 kilomètres de pistes cyclables le long des axes régionaux, l’avenue de Tervueren, pourtant concernée, n’a pas bénéficié des "coronapistes" promises. Les plans destinés à combler le "chaînon manquant" mais aussi à réallouer sur le reste de l’axe une partie de cette autoroute urbaine au profit des cyclistes sont restés dans les cartons. 

Enfin, en dépit de la volonté de résoudre,  d’ici la fin de la législature, les 30 zones les plus accidentogènes de Bruxelles (ZACA de priorité 1), force est de constater que le carrefour Souverain/ Tervueren reste un important point noir sur les trajets de nombreux cyclistes.

À l’occasion de la Semaine de la Mobilité, il nous semble plus que jamais important de rappeler au gouvernement bruxellois tout comme aux Collèges d'Etterbeek et de Woluwe-Saint-Pierre leurs engagements en faveur d’une meilleure qualité de vie, d’une mobilité plus durable, et de davantage de sécurité sur nos routes. 

Nous sommes conscients que la transformation d’une autoroute urbaine telle que l’avenue de Tervueren en boulevard urbain — à l’image du boulevard de la Woluwe — s’envisage sur du long terme. En attendant de pouvoir réaliser une véritable cyclostrade, sécurisée et performante, nous réitérons notre volonté de voir se concrétiser, d’ici la fin de la législature, une liaison cyclable fonctionnelle sur l’ensemble de l’axe.

Pour ce faire, nous demandons : 

  • de réaliser un aménagement cyclable séparé bidirectionnel sur le tronçon Mérode – square Léopold II (latérale sud) répondant aux différents critères de qualité cyclable.
  • de sécuriser le rond-point Montgomery en se basant sur le modèle hollandais.  
  • de limiter les traversées et les temps d’attente pour les cyclistes au niveau du square Léopold II.
  • de sécuriser la traversée à hauteur de l’avenue Jules de Trooz et de la rue du Bemel (jonction des quartiers "Chant d’Oiseau" et "Chien Vert").
  • de sécuriser le carrefour Tervueren/Souverain (ZACA de priorité 1).
  • de reconnecter la piste centrale aux voiries débouchantes (connexion des quartiers environnants).
  • d'assurer la connexion avec la F29 en Flandre et le projet de passerelle aux Quatre-Bras.

Dans l’espoir que ces demandes recevront un accueil favorable au sein de votre Gouvernement et de vos Collèges, nous vous prions de recevoir, Madame la Ministre, Messieurs les Bourgmestres, nos salutations respectueuses. 

1. Le principe STOP établit une hiérarchie dans la prise en compte des différents modes de déplacement, en accordant une plus grande priorité aux modes les plus universels et les plus durables : la marche (Stappen), le vélo (Trappen), les transports publics (Openbaar vervoer) et la voiture privée (Personenwagens).

Pour le GRACQ, Florine CUIGNET
Pour le Fietsersbond, Thomas DEWEER
GRACQ Woluwe
GRACQ Etterbeek

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