"Les cyclistes ne peuvent pas dépasser les 6 km/h dans le piétonnier", ainsi que viennent de le rappeler les autorités bruxelloises. Le GRACQ et le Fietsersbond appellent quant à eux au pragmatisme : sans remettre en cause la nécessité d’assurer des conditions optimales de sécurité pour les piétons, elles proposent de convertir le piétonnier en "zone de rencontre" afin de permettre aux cyclistes de franchir l’allure du pas en l’absence de piétons. Une solution qui permettrait de pallier, partiellement du moins, la perte d’un axe cyclable majeur dans le centre bruxellois.
L’inauguration du piétonnier sur les boulevards du centre, en juin dernier, a apporté un changement radical et bienvenu au centre de Bruxelles. Mais les choix politiques qui ont présidé à la concrétisation du "plus grand piétonnier d’Europe" ont fait table rase des cheminements cyclables préexistants : pour les cyclistes, il s’agit d’une nette dégradation des conditions de circulation.
Avec l’instauration du piétonnier, les cyclistes ont en effet perdu une liaison nord-sud directe, plate et rapide (qui fait partie intégrante du tracé du RER-vélo) sans qu’aucune alternative satisfaisante ne leur soit proposée. Le nouveau plan de circulation renvoie le cycliste qui souhaite se déplacer plus rapidement qu’un piéton sur la boucle de desserte (axe rue de Laeken – rue Van Artevelde), au milieu d’un trafic automobile dense. Si les autorités promettent, à terme, des pistes cyclables « sécurisées » et « protégées », on voit difficilement comment la Ville parviendra à réussir ce tour de force dans des rues où elle a tout juste trouvé la place pour tracer des pistes cyclables marquées, voire de simples logos…
"On ne remet pas en cause la sécurité du piéton"
Le GRACQ et le Fietsersbond défendent donc l’idée d’une zone de rencontre – dans laquelle la vitesse maximale est de 20 km/h – en lieu et place du piétonnier, avec une limitation du trafic autorisé. "Il n’est bien évidemment pas question de remettre en cause la sécurité du piéton, souligne Aurélie Willems du GRACQ. Dans une zone de rencontre, tout comme dans une zone piétonne, le piéton est prioritaire et peut circuler sur toute la largeur de la voie publique. Les conducteurs, cyclistes y compris, doivent donc adapter leur allure et s’arrêter si nécessaire. L’avantage d’une zone de rencontre est qu’elle permettrait au cycliste de se déplacer plus rapidement en l’absence de piétons, par exemple tôt le matin pour rallier une gare."
Les associations cyclistes réclament en outre que le plan de circulation définitif prenne réellement en compte les besoins des cyclistes, afin de rediriger ceux-ci vers un itinéraire cyclable de qualité aux heures d’affluence dans le piétonnier. "S’il est réellement question de réduire la pression automobile et d’insuffler une meilleure qualité de vie dans le centre, alors les autorités se doivent d’encourager les déplacements à vélo plutôt que de les compliquer".